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Après plusieurs années à entreprendre en Asie, Alexandre Le Beuan a fondé Chemins Voyages, des aventures à vélo, ponctuées de rencontres authentiques avec des locaux et des itinéraires hors des sentiers battus. Il nous partage son engagement pour un voyage plus slow, accompagné de son carnet La Grande Aventure.
Qu'est-ce que les Grandes Aventures à vélo ont de spécial par rapport aux autres Grandes Aventures ?
Pour moi, une Grande Aventure en voyage est toujours synonyme d’itinérance douce. Parce que les Aventures à vélo - c’est vrai aussi de la marche, de la rando à cheval, en canoë ou encore une croisière en voilier - se distinguent par leur approche immersive et écologique. En optant pour l’itinérance à vélo, on a l'opportunité de se connecter plus profondément avec notre environnement, en explorant des chemins moins - voire pas du tout - fréquentés et en prenant le temps de savourer chaque instant. Le vélo offre un rythme de voyage lent et contemplatif, auquel on ajoute une part de dépassement de soi en guise de piment. Et pour que le goût soit encore meilleur, l'empreinte carbone d’un voyage à vélo est infime, même à vélo électrique.
Avec Chemins, on a opté pour une flotte rassemblant exclusivement des vélos électriques, avec des VTT électriques longtail - qui peuvent transporter jusqu'à 2 enfants, ou des bagages - des VTT électriques pour les enfants et des carrioles pour les tout petits, pour que nos voyages soient le plus inclusifs possibles. Qu’on soit jeune ou moins jeune, sportif ou pas, tout le monde voyage au même rythme, et tout le monde arrive à l'étape avec la banane ! L’assistance électrique est une révolution : on pédale, donc on se dépense, mais on profite, car on met le turbo dans les montées, et l’effort devient bien plus cool !
Tu as créé Chemins Voyages en 2022 avec l'objectif de proposer des voyages qui ont du sens. Pourquoi c'était important pour toi ?
Quelle est la valeur ajoutée de mon offre? Depuis 2005, date à laquelle je suis devenu entrepreneur dans le monde du voyage et de l'hôtellerie, je ne cesse de tenter de répondre à cette question. Que ce soit avec Shanti Travel et ses voyages sur mesure en Asie, Nimmu House, retreat en Himalaya, ou aujourd’hui avec Chemins, avec mes associés et nos équipes, je fais mon possible pour proposer des expériences qui ont du sens, et je garde en tête cette phrase de Marguerite Duras : ‘’Dans le voyage, il y a le temps du voyage. Ce n’est pas voir vite, c’est voir et vivre en même temps.’’
Ce qu’on offre au voyageur, c’est un voyage expérientiel, transformationnel. Car le voyage est un moment suspendu, ou l'on sort de son quotidien pour s’ouvrir à soi, aux autres. Prendre le temps est un ingrédient essentiel pour profiter pleinement de son voyage, et se transformer. Le fait de s’immerger en pleine nature en est un autre. Cerises sur le gâteau, les rencontres, qui sont source d’ouverture, de réflexion, de partage. Ce qui fait un voyage réussi, qui a du sens, est le souvenir qu’on en garde (sans même avoir besoin de se référer à des photos…).
Parmi les parcours que vous proposez, lequel préfères-tu et pourquoi ?
Question difficile, car cela dépend du contexte. En famille, j’opte pour le Slow Provence, une immersion en Drôme provençale, une Provence confidentielle, où l'on séjourne à chaque fois 2 nuits dans le même hébergement - de charme - pour profiter pleinement, pour vous donner la liberté de sillonner (ou pas) les alentours à vélo, découvrir des villages perchés, des cours d’eau… et partir à la rencontre d’une lavandicultrice, d’un apiculteur, d’une chevrière. En couple, ma compagne et moi optons pour les Alpes et sa version Wild Vercors, ou l’on alterne nuits romantiques sous les étoiles en camping à la ferme et auberges authentiques. Entre amis, je dirais le Slow Combo en Ardèche, où se succèdent vélo, canoë, villages perchés, glamping et dégustations de vins bio.
As-tu l'habitude d'écrire quand tu voyages ?
Oui, j’aime écrire en voyage, sur ce que je ressens, sur ma vision du monde, du bonheur… Le voyage est un moment d’introspection. Il l’est d’autant plus de mon point de vue lorsque l’on pratique l’itinérance douce, car marcher, pédaler, pagayer sont des activités qui animent la pensée, nous rendent plus créatifs et nous font prendre de la hauteur de vue.
Quelle est la rubrique de notre carnet de voyage La Grande Aventure qui t'inspire le plus ?
3 choses qui me mettent en joie à l'idée de cette grande aventure.
Question essentielle car les réponses participent à la création du voyage. C’est d’ailleurs la première question que je pose aux voyageurs lorsque je leur demande de me consacrer quelques minutes au téléphone pour bien comprendre leurs attentes, condition indispensable pour ensuite créer un carnet de voyage qui réponde aux besoins des voyageurs.
Tu es basé à Die, dans la vallée de la Drôme, entre montagnes du Vercors au nord et Provence au Sud. Quelles sont tes adresses favorites dans la région ?
La vallée de la Drôme, qu’on appelle aussi la Bio vallée, est le 1er territoire bio de l’Hexagone, très tourné vers la transition au sens large. Les bonnes âmes et les bons produits ne manquent pas !
Le marché bi hebdomadaire de Die est une fête pour les 5 sens, ou les producteurs locaux descendent de leur vallée avec une multitude de produits sains et créatifs !
Un peu plus loin, mon séjour coup de coeur en Drôme provençale, dans le village perché de Grignan, est le Pied de la Lettre, chez Camille et Adrien, dans leur maison d'hôtes douillette, qui abrite aussi un bar à vins avec une carte très pointue et d’excellents tapas.
J’adore dîner Chez Mon Jules dans le petit village de Vesc, une petite table avec des produits bio et locaux, dans une salle bric et broc, et un vinyle qui joue du Johnny Cash ou du Aretha Franklin.
Pour une nuit de Glamping ultra romantique sous les étoiles, j’opte pour le Domaine de la Done, situé en pleine pampa dans les Baronnies provençales, face au Mont Ventoux, où luxe rime avec grands espaces. L’expérience ultime? Méditer au lever du soleil sur une plateforme en pierre, posée devant une petite chapelle, face au Géant de Provence.
Et mon adresse agricole préférée, l’Essentiel de Lavande, chez Odile, lavandicultrice, qui nous reçoit dans son Domaine, le temps d’un pique-nique succulent, et nous plonge avec grâce dans l’univers de la fleur bleue de Provence. Essayez le massage au milieu des champs de lavande, un must experience !
Chez Carnets Goguette, on est convaincus que le voyage, c'est ce qui marque une vie.... Peux-tu nous parler d'un voyage qui a changé la tienne ?
L’expédition himalayenne de plusieurs mois que ma compagne, notre fille alors âgée de 4 ans et moi avons entrepris en 2019. J’ai vécu 15 ans en Asie, d’abord en Inde, où j'ai rencontré Tenzin et où est née Lhamo, puis en Indonésie. En 2018, nous avons décidé de quitter l’Asie pour venir nous installer en France, mais avant, nous souhaitions vivre une expérience de voyage au long cours, et sommes partis sur les traces des parents de Tenzin qui, alors très jeunes, ont fui le Tibet en 1959, tout comme le Dalaï Lama, lorsque les chinois ont envahi leur pays. C'était important avant tout pour Tenzin et Lhamo, pour se souvenir d'où elles viennent, et quelles sont leurs racines.
Nous avons parcouru plusieurs centaines de kilomètres, Lhamo à cheval, et Tenzin et moi à pied, dans des régions très reculées de la grande chaîne himalayenne, le long de la frontière du Tibet, avec des dizaines de nuits à plus de 4000 mètres, le passage de cols à plus de 5000 m, dans un environnement à 1000 lieues du monde moderne.
Nous n’oublierons jamais ce voyage, qui nous a fait tant grandir tous les trois, nous a soudés aussi, nous a rendu plus fort, plus humbles, plus curieux, et plus aimants. Les rencontres avec les nomades et leurs caravanes de yaks dans l’immensité des hauts plateaux, les montées de cols dans la neige, les villages du bout du monde, la visite des anciens camps de résistants à l'oppression chinoise et les échanges avec des anciens qui nous ont raconté la vie de ces résistants dont faisait partie le père de Tenzin durant 15 ans, les soirées à chanter et danser au son des madals (percussions) avec les enfants, leur parents et grands parents (que les soirées peuvent être belles dans des foyers sans télé !)… Ce fut le voyage d’une vie, et j'espère bien que ce ne sera pas le dernier !
Une rencontre que tu n'oublieras jamais ?
Celle de Pita Ji (‘’Père’’ en hindi, la langue officielle de l’Inde), en 1996, lorsqu'à 19 ans, je me suis retrouvé parachuté de Paris à Gaumukh (littéralement ‘’museau de la vache’’) - à 4000 m d'altitude, aux sources du Gange, dans les Himalayas indiens, en moins de 48 heures. J’étais sous la tente d’un sadhu (ascète) après avoir marché 10 heures d’affilée pour atteindre la base du glacier d'où coule le fleuve sacré. Un moment magique ! Mais très vite, je me suis senti mal, et un porteur de vivres (riz, lentilles), installé dans la tente, m’a diagnostiqué un mal aigu des montagnes. Avec un sourire protecteur, il a pris mon sac à dos, et m’a demandé de redescendre avec lui. Nous sommes descendus par le même chemin que j’avais eu tant de mal à monter quelques heures auparavant, en pleine nuit, avec pour la pleine lune seule lumière.
Le lendemain, j’étais admis dans un dispensaire qui manquait de tout… Devant mon désarroi, Pita Ji, qui était censé travailler comme porteur de vivres durant toute la saison estivale (son gagne pain pour l’année, pour lui et sa famille), m’a proposé de m’accompagner dans sa famille, dans un village de moyenne altitude. J’ai passé là 10 jours incroyables, accueilli par Mata Ji et Pita Ji comme un fils… J’appris plus tard par Mata Ji que leur fils aîné était mort quelques années plus tôt alors qu'il était soldat dans l’armée indienne…
Une fois remis sur pied, j’ai proposé à Pita Ji de devenir mon guide sur l’expédition que j'étais venu entreprendre, le pèlerinage du Char Dham, parcouru depuis plusieurs milliers d’années par les pèlerins hindous à la frontière tibétaine. Nous avons marché quatre semaines ensemble, d’auberge en auberge, dans les brumes de la mousson…
Je me souviendrai toujours du sourire de Pita Ji, de sa bienveillance, de sa joie de vivre mêlé à une certaine mélancolie… Pita Ji reste dans mon cœur comme un guide pour la vie.
Une galère que tu n'oublieras pas non plus ?
Bien plus qu’une galère, lorsque 1 an plus tard, je suis devenu guide au Népal. J’accompagnais un groupe de français sur un trek qui passait par le camp de base de l’Everest. Le plus sportif des participants, un grenoblois aguerri, qui au début marchait à une vitesse fulgurante, s’est retrouvé au cinquième jour à marcher comme un escargot. Fort de mon expérience de l’an passé et des lectures médicales qui s'ensuivirent, je lui ai diagnostiqué un mal aigu des montagnes.
Dans ces cas-là, il n’y a pas 36 solutions, il faut redescendre au plus vite possible. Seulement, il en est devenu rapidement incapable. Je suis alors descendu en courant durant 4 heures non stop ou presque jusqu’au premier poste de radio pour prévenir les secours, et faire monter un hélicoptère, qui ne pourrait arriver sur place que le lendemain matin. Il m’a fallu remonter de nuit avant de trouver le malade dans un état critique, car il avait beaucoup de mal à respirer.
Le lendemain, il neigeait ! Et la vallée était remplie d’un coton épais de nuage… Nous avons dû attendre 24 heures de plus avant que l’hélico puisse finalement atterrir, avec à son bord le pilote népalais et le médecin de l’ambassade de Suisse, de véritables Dieux vivants ! Car le malade n'aurait sans doute pas vécu 1 journée de plus…
En trek comme dans la vie, il est bon de dépasser ses limites, mais il faut aussi savoir prendre son temps ! Apprendre à se connaître, à s'écouter…
Et pour le créateur de voyages que je suis devenu par la suite, il est indispensable de placer la sécurité des itinéraires et des modes de transport comme la pierre angulaire d'un voyage, mais aussi de prendre le temps d’écouter les voyageurs, leurs envies, leurs besoins, leurs craintes, avant de dessiner leur voyage, cousu main, parce que chaque voyageur est unique, et chaque voyage doit l'être tout autant.
Le prochain voyage que tu rêverais de faire ?
Un voyage au long cours en famille. A vélo cargo électrique, d’abord de la maison jusqu’à Marseille en passant par la Drôme provençale, le pied du Ventoux, le Luberon. Ensuite, en voilier pour une traversée de la Méditerranée jusqu'à Alger, une ville magnifique. De là, à vélo direction le Sahara Central pour rejoindre Tamanrasset et Djanet, dans cette immensité géologique infinie. J’imagine avec envie ces soirées passées avec les Touaregs, éclairés par les étoiles, autour d’un petit feu sur lequel est posé une théière, et le pain qui cuit sous les braises, enfoui dans le sable… Un jour, Inch’Allah !
Mon dernier voyage au Sahara remonte à 2003… Et je ne cesse depuis de penser à y retourner un jour. Ce sont, avec l’Himalaya, les paysages les plus fascinants qui m’ont été donnés de voir. Se sentir tout petit dans ce monde immensément grand est une sensation de plénitude inouïe.
Celà dit, il n’est nul besoin de partir loin pour éprouver le ‘’awe effect’’, cette sensation de vivre une expérience unique et émerveillante, de laquelle naît amour et gratitude envers Gaïa, notre terre. Il y a quelques jours, je pédalais sur le plateau du Vercors, à quelques encablures de chez moi sur des crêtes dont les parois s'étendent jusque dans la vallée du la Drôme, à 700 mètres plus bas. Seuls les sommets et les crêtes en contrebas dépassaient d’un manteau épais de nuages, alors qu’en haut, le ciel était bleu azur, et le soleil me réchauffait le dos. Une dizaine de vautours tournoyaient au-dessus de moi. Le Mont Ventoux apparaissait au loin, majestueux. Ce type d’expérience touche au spirituel…
Un accessoire indispensable pour partir en voyage à vélo ?
L’App mobile de Chemins, votre guide qui vous permet de pédaler sur de toutes petites routes et pistes carrossables, en pleine nature ! En plus du GPS, notre App vous propose d’excellentes adresses en circuit court !
Avant de partir, un conseil pour oser prendre la route ?
Cette phrase de Romain Gary : "N'ayez pas peur d'être heureux, c'est juste un bon moment à passer’’.